D’Augustin Éthyer aux Autobus Éthier : 170 ans dans l’histoire de Gracefield

L’histoire de la région de Gracefield débute en 1840 avec l’arrivée du premier pionnier, Augustin Éthyer, originaire de Saint-Martin-de-Laval, qui vécut jusqu’à l’âge de 104 ans. Il est décédé le 28 juillet 1878.

C'est sur sa terre, située à l’extrémité de la ferme forestière des frères Wright, que les colons érigeront l’année suivante la première chapelle, laquelle sert aussi d'école durant la semaine.

En 1851, la « Mission de la Visitation», qui comptait alors une soixantaine de familles, changea son nom pour celui de Wright et portera aussi, par après, les noms de Pickanock et Victory.

Le nom de Wright rappelait la mémoire de Philemon Wright, le fondateur de Hull. Celui de Picanoc, qui signifie noyer, tiré de l'algonquin pakanak, de pakan, noix, souligne que Gracefield se situe au confluent de la Gatineau et de la Picanoc. On ignore par ailleurs les raisons de l’appellation « Victory ».

Le nom de Gracefield

Le nom de Gracefield est apparu en 1883, alors qu’il est attribué au bureau de poste, en l’honneur de Patrick Grace, le premier marchand du village, qui avait accepté d’octroyer gratuitement le droit de passage du chemin de fer sur son terrain. M. Grace fut maire de Wright de 1885 à 1890.

Grace était aussi le maître de poste depuis 1870, une fonction qu’il a conservé jusqu’en 1911.

À cette époque, les entités municipales étaient celles du canton de Wright, proclamée en 1854, et du canton de Northfield, proclamée en 1861. Ce dernier nom a été emprunté, comme bien d’autres noms de cantons de l’Outaouais, à la toponymie de l’Angleterre. Il s’agit du nom d'une ville du comté de Worcester, dans les Midlands.

La paroisse de La Visitation

La mission de La Visitation avait pris forme en 1849 avec l'ouverture des registres et elle ne devait accéder au statut de paroisse officielle qu'en 1901 et s’étendait alors sur les cantons de Wright et de Northfield et une partie du canton d’Aylwin.

La municipalité de Gracefield

La municipalité de Gracefield fut érigée en 1905 et prit à ce moment-là le nom du bureau de poste. Son premier maire fut le Dr Alex Syneck, qui demeura en poste jusqu’en 1912.

On se rappelle davantage le nom du deuxième maire, F.-W. ( Fizalam-William ) Perras, en poste de 1913 à 1918 et de 1923 à 1926. Il a aussi été maître de poste de 1912 à 1925, préfet du comté de Hull et élu quatre fois député libéral fédéral du comté de Wright, en 1925, 1926, 1930 et 1935. Né en mars 1876, Il est décédé le 28 juin 1936, après une courte maladie.

Il avait été honoré de son vivant lorsque son nom a été donné, en 1915, au secteur encore connu aujourd’hui sous le nom de Perras et qui fut une halte ferroviaire et une garde de chemin de fer.

Le grand feu de 1924

Nombre d’informations datant du début du siècle dernier ont été perdues lors du grand incendie qui a ravagé Gracefield, les 28 et 29 mai 1924, et détruit la salle du conseil municipal, 14 édifices, dont trois hôtels, un magasin général et la succursale de la Banque Hochelaga.

Devant l’ampleur de la conflagration, qui avait pris naissance vers 23h20, on fit appel aux pompiers de Hull et d’Ottawa. Cinq sapeurs de Hull arrivèrent à la rescousse à 5h du matin avec 1500 pieds de boyau.

Pendant deux ans, le conseil a tenu ses réunions à la résidence du maire Perras, le temps de construire une nouvelle salle municipale avec un budget de… 5000 $.

Vote et procès-verbaux

En 1927, le mode de scrutin des élus municipaux est modifié. Le vote au bulletin secret remplace alors le vote… à vive voix. Quelques années plus tard, en 1935, tous les procès-verbaux sont rédigés uniquement en langue française.

Transports

La première route régionale remonte à 1833. Les compagnies forestières font construire des chemins rudimentaires qui mènent jusqu’à Maniwaki et qui sont jalonnés de dépôts tous les 12 à 15 milles, soit à peu près la distance qu’il est possible de parcourir avec des chevaux en une journée. En retour de cet effort, les compagnies en question obtiennent le monopole de la coupe du bois jusqu’en 1843.

Les premiers transports publics firent leur apparition en 1870, alors qu’une diligence tirée par deux ou quatre chevaux faisait la navette entre Hull et Maniwaki, un trajet aller-retour de cinq jours pour la somme, énorme pour l’époque, de 18,50 $.

Le chemin de fer fit son apparition à la fin du 19e siècle. Les travaux de construction de la voie ferrée débutèrent sérieusement en 1887, atteignirent Wakefield en 1891 puis Picanoc en 1895. Il faudra attendre quatre autres années pour que le train traverse la rivière et atteigne la gare de Gracefield.

Finalement, le 8 février 1904, le train arrivait à son terminus, à Maniwaki.

Le transport par autobus a été inauguré en 1929. Ce service existe toujours aujourd’hui et est même assuré par une entreprise de Gracefield, les Autobus Éthier, qui a pris la relève de Voyageur et de Greyhound.

Fusion municipale

Le 13 mars 2002, la municipalité du village de Gracefield, la municipalité de Northfield et la municipalité du canton de Wright se regroupaient pour constituer une nouvelle ville désignée sous le nom Wright-Gracefield-Northfield. Le 22 février 2003, ce dernier était changé pour celui de Gracefield.

Source : Tous droits réservés © Sogercom.com

Références :
Commission de toponymie du Québec : www.toponymie.gouv.qc.ca
Au cœur de la Gatineau, Kathleen Mennie-de Varennes, 1985
Maniwaki et la Vallée de la Gatineau, Anastase Roy, 1933
Une rivière qui vient du Nord, Louis-André Hubert, 2001